A la recherche d'indices

Invité

La lumière du jour commençait à chatouiller la voute étoilée lorsque le jeune humain se mit en chasse. La rosée du matin offrait une douce fraicheur et constituait ainsi des conditions optimales pour ce genre d'activité particulièrement méticuleuse en cette chaude, trop chaude, saison. Elrost chassait, non pas le gibier, mais les indices. Voilà désormais quasiment un an que sa sœur avait disparu de cette forêt, mais ce frère aimant voulait vérifier une dernière fois que rien n'avait été omis, que rien ne lui permettrait de retrouver les traces de sa sœur. Il connaissait bien cette partie de la forêt car il y venait souvent s'entrainer avec son père et couper du bois. Toutefois, il ne s'était jamais aventuré plus loin : ni trop au Nord, ni trop au Sud. Quant à l'Est, il n'avait jamais mis les pieds là bas. Son bivouac était donc établi à environ un kilomètre de Furentez ce qui lui permettait de se ravitailler sans trop de difficultés.

Ce matin là, il partit donc scruter les environs, armé de son stylet uniquement, qu'il ne quittait jamais. Il préférait laisser le reste de ses armes au campement pour ne pas handicaper sa progression et rester libre de ses mouvements. Son épée était effectivement un peu lourde pour lui car il manquait encore d'entrainement et d'agilité dans son maniement. De toute façon, il n'avait encore pas eu l'occasion de rencontrer une quelconque menace contre laquelle il aurait eu besoin d'utiliser son arme, ce qui ne l'empêchait pas non plus de rester prudent. C'est donc à moitié méfiant que Elrost observait chaque feuille, chaque écorce et chaque empreinte. L'air ne présentait aucune présence d'éventuels Xunlai et la faune semblait ne sortir que la nuit à cause de l'écrasante chaleur et des récents orages.

*Tout ceci ne sert à rien. Tu parles, depuis un an tu croyais vraiment trouver des indices ! Mais regarde toi, tu es vraiment pitoyable...*
Dit-il pour lui même.

En dépit de son moral affaibli, il ne perdait pas espoir et se préparait mentalement à explorer tout le continent s'il le fallait.

Mais ce matin, l'atmosphère semblait différente, presque inquiétant même si rien n'avait changé comparé aux autres jours. Une branche craqua, Elrost se retourna, son stylet brandi et prêt à l'emploi. Sur le qui-vive, il banda ses muscles et s'approcha lentement de l'endroit d'où provenait le bruit. Quelques minutes passèrent, mais rien n'apparut. Il scruta les alentours avec d'autant plus de concentration en plissant ses yeux de jade, l'iris retroussée et l'esprit alerte. Même s'il n'avait jamais vraiment côtoyé d'environnement hostile, il savait néanmoins garder son sang froid malgré la chamade de son cœur. Cependant, la prudence lui intima de retourner à son campement, d'un pas rapide. Le sillage déjà formé par son récent passage lui permettait une certaine célérité mais la végétation haute lui griffait le visage et gênait son champ de vision. Alors qu'il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres du bivouac, un nouveau bruit retentit. Un roulement de pierre, léger et pourtant assez conséquent pour que le jeune homme l'entende.

Qui est là ?!, héla Elrost par réflexe.

Bien entendu, aucune réponse. Il empoigna son stylet et le serra tellement fort que ses jointures rougirent. Il accéléra le pas et arriva à son campement. Il bondit ramasser son épée calée contre un tronc d'arbre et regardait tout autour de lui en tournant.

D'où venait ce bruit ?

HRP > Si un maitre du jeu veut prendre la suite, ce n'est pas de refus.

J'avais marché toute la nuit, en vain. C'était dans mes habitudes de vagabonder les alentours de Furentez. A vrai dire, l'ambiance de la capitale me fatigue quelque peu et la nature elle-seul ne m'a jamais débecté. Même en étant fils de Dieu, membre du Conclave Noir, c'était de la pure négligence. Toute la politique ou toutes les affaires actuelles n'ont jamais été que celles dont je n'ai jamais voulu. Seuls quelques petites choses m'intéressaient, la guerre, les femmes, mon père et moi-même. Tout le reste, il peut bien brûler, voler en éclats, toute la violence dont cela peut émaner ne me voudra même pas un sourire. Lassitude et désinvolture, c'était sans doute les deux principales ressentis que m'invoquaient ce morne monde. Si l'on s'y attarde un peu... J'ai tout pour évoqué la jalousie ou l'envie de meurtre. Mon père est un Dieu, je suis un Être Supérieur en puissance, j'ai tout ce dont je veux, je me paie le luxe de ridiculiser les autres, j'ai une beauté à en faire pâlir certains. Et au fond, ça m'amuse, ça m'occupe. Prendre attention des sujets Déchus, ce n'est pas si mal à mes yeux. C'est ainsi que j'ai continué mes doux songes inutiles, tel un fils à papa.

La Forêt Ténébreuse était un lieu déconseillé aux jeunes personnes, c'était pourquoi j'adorais m'y prélasser. On y rencontre jamais rien de vivant et encore moins d'humain. Surtout que quand je me déplace, je ne lésine pas sur mon aura afin que toutes créatures s'écartent en comprenant ma présence. J'étais comme un enfant goûtant la découverte de cette forêt à chaque fois d'une façon nouvelle. Un détail apparaissant à chaque nouvelles visites. Je me baladais négligemment lorsque j'avais l'ennui à le faire. La nuit était belle tout au long de ma balade, mais malheureusement, trop courte. Les premiers rayons solaires venaient en annoncer la fin. Même si j'aurai pu en choisir autrement, la sérénité que m'apportait cet environnement suffisait à me faire plier à l'usage du temps. Je continuais à marcher nonchalamment , tranquillement jusqu'à m'arrêter. Je sentais une présence non loin, une présence d'un être faible, très faible. Il était rare de voir des Déchus dormir la nuit ici mais cela était loin d'être impossible. Je pris la direction de l'être que je percevais au loin et négligemment, j'ai écrasé une branche dans un craquement sonore. Même si pour moi, ce n'était rien.. Cela affaire lourdement l'autre personne. Ayant une ouïe quelque peu entraînée, j'entendais des légers bruits de mouvements. La personne se préparait sans doute à une mort certaine si elle m'attaquait. Puis bizarrement, elle semblait se précipiter vers quelque part, j'entendais son souffle au loin. Et je suivis le chemin tracée dans l'herbe. Et dès que j'eus vu un espèce de bivouac à mes yeux, je partis légèrement vers la droite afin de n'être repéré si directement. Et par soucis d'inattention, j'avais renversé des pierres, qui firent du bruit également. Et aussi étrangement pour moi mais logique pour l'autre, on demanda qui était là. Bien entendu, je ne répondis pas.

J'avançais doucement vers le camp, en tournant autour. Et je vis de qui il s'affairait. Un humain plutôt jeune empoignait son épée comme si il s'agissait de sa vie. Puis lassé de ce petit jeu stupide, je finis par avancer suffisamment pour me montrer. Et par légère considération pour la faiblesse des êtres inférieurs, j'avais considérablement baissé mon aura dévastatrice. J'avançais doucement avec un léger sourire impétueux en mettant ma main en avant.

- Tu comptes blesser qui avec ton joujou ?

D'un léger geste vers la droite de la main tendue, l'épée quitta sa main et partit quelques mètres plus loin dans la même direction. Je m'arrêta un instant en fixant où était partie l'épée, je pouffa de rire, déconcerté d'une telle facilité. Puis je porta mon regard sur le jeune homme.

- On ne t'a pas dis que ces bois étaient hantés, dangereux...? Qu'on pouvait y trouver être non-souhaité et non-souhaitable.

Je laissais à l'autre le temps de répondre. Si il le savait, il était soit fou, soit désespéré, soit Déchue et au mieux, les trois. Il n'avait que peu de temps pour me répondre puisque je ne supporte pas les avortons, mais ce qui sont rattachés à la vie par la vengeance et les pleurs, eux me font rire beaucoup. A vrai dire.. Tout me faisait rire.

Invité

Le jeune homme ressentait la présence oppressante d'une vie, si lourde et puissante que son cœur ne cessait de s'échiner à battre. Elle semblait tourner autour de lui aussi Elrost pivotait sur lui-même attentif au moindre bruissement, si léger soit-il. Toutefois, il n'eut pas longtemps à attendre que la présence se manifeste puisqu'elle sortit d'un fourré quelques minutes plus tard, et s'avança dans sa direction, d'une démarche légère et impavide. Elrost plissa les yeux et détailla l'individu qui venait se s'arrêter à quelques pas de lui, un homme de taille moyenne et dégingandé. Son apparence ne correspondait nullement à l'aura que ce personnage dégageait, si puissante, si tenace. Il paraissait fragile et délicat, alors que ses traits marquait un caractère hautain et considérablement influent et supérieur.

D'ailleurs, ce pressentiment fut confirmé par l'humour décadent et puéril de cet étranger qui s'amusa à désarmer le jeune homme en usant de sa magie, comme pour démontrer un certain talent. Ce geste qui suivait la parole qualifiait sans nulle doute l'esprit arrogant et prétentieux d'un orgueil bien trop imposant. Mais Elrost resta de marbre face à cette attitude infantile, et jeta un regard vindicatif à son opposant. Néanmoins, il demeurait conscient qu'un combat serait inégalement défavorable pour lui et rétracta toute tentative d'attaque ou de marque belliqueuse à l'encontre de cet individu. En outre, ce dernier plaqua son regard dans le sien en guise de défit et il n'eut à ce moment plus aucun doute quant à la puissance de son adversaire. Serait-il divin ? Le jeune homme plissa de nouveau les yeux et tourna légèrement la tête, tout en gardant ses pupilles implantées dans l'azur profond du protagoniste. Il ne voulait pas se soumettre même si tout au fond de lui, il savait que c'était la seule solution. Des mots rompirent le lien :

- On ne t'a pas dis que ces bois étaient hantés, dangereux...? Qu'on pouvait y trouver être non-souhaité et non-souhaitable.

Elrost laissa couler quelques secondes avant de répondre avec une servilité des plus respectueuse.

- J'ai parfaitement connaissance du danger qui règne en ces lieux, Messire. Les motivations qui m'ont conduit ici ne vous regardent en rien et jusqu'à preuve du contraire toute personne est libre de fréquenter cette forêt. Je n'ai en outre aucunement l'envie de me battre, passez votre chemin et je continuerai le mien.

Son ton était calme et son débit ni trop lent, ni trop rapide. Toutefois, il était indéniablement intimidé par cet étranger et malgré des efforts pour le cacher, Elrost savait que ses sentiments filtraient sur son visage. Son stylet toujours dans sa main pendait le long de son corps, sa garde baissée mais toujours aux aguets, prête à frapper en cas de besoin. Il ne voulait pas non plus montrer à quel point il manquait cruellement d'entrainement au combat. Elrost jeta un regard en direction de son épée envoyée à deux mètres plus loin, échouée dans l'herbe mais ne bougea pas.

- Je vois que vous maitrisez la magie, belle démonstration, bien qu'inutile à mon humble avis.

Son regard s'aventura une nouvelle fois dans ses yeux d'un bleu cobalt mais il ne s'y attarda pas, préférant observer sa réaction dans son ensemble afin de prévenir chaque mouvement de sa part.

Le froid s'abattit soudain sur le bois, et un brouillard noir suie monta lentement du sol, et devint de plus en plus compact. De ce brouillard sortit alors une haute silhouette, qui s'éclaircit enfin, après que le brouillard ait disparu. Ses longs cheveux noirs tombaient de chaque côté de sa tête... son long manteau noir voletait derrière lui malgré l'absence du plus petit souffle d'air. Ses yeux d'un noir obscur fixaient calmement les deux individus immobiles dans le bois. Il s'avança calmement, sans un bruit, son immense faux noire attachée dans son dos. Il se mouvait comme si son arme ne pesait rien, alors qu'en fait, elle était incroyablement lourde. Arrivé entre les deux hommes, il s'arrêta, et les fixa à tour de rôle.

"Ryuuku... n'en as-tu pas assez de tourmenter chaque personne que tu croises... ? Quant à toi, je te déconseille de provoquer Ryuuku, même de façon détournée et subtile, car il est aussi puissant qu'instable et pourrait décider de te réduire en cristaux de glace par pur coup de tête. J'espère aussi que tu es un déchu, sinon le Créateur pourrait décider de t'envoyer rendre visite aux prêtres de la Basilique pour une séance de torture... longue et douloureuse."

Le Créateur fixa Ryuuku pendant un moment, son expression restant totalement neutre, mais son regard indiquant bien que son fils n'avait pas intérêt à divulguer son identité. Puis il se tourna vers l'autre individu, et le jeugea rapidement du regard. Faible... sûr de lui cependant.

"Que faites-vous donc ici, tous les deux ?"

J'étais exaspéré. Exaspéré de la chance particulière pour le faible que mon père soit arrivé. La manière dont il m'avait adressé la parole n'était pas méritante d'être un Déchu. Sa verve bien tournée n'était rien d'autres que des insultes et déconsidération de ma personne et ça... Peu importe de qui cela pouvait venir.. Je ne le tolère pas. Qu'un membre du Conclave Noir, le Créateur, Le Gardien, La Reine Xunlai, n'importe qui. Personne n'avait à manquer de respect et tout personne y exceptant à cette règle, ne méritait pas la vie. Si l'on me manque de respect, on manque de respect à l'image même de mon paternel et je ne laisserai personne entacher ceci. En d'autres mots, ce petit homme faibrile ne méritait même pas le titre de Déchu et de notre camp. Nos valeurs, notre religion, notre soif insatiable de sang et l'adulation du Seigneur de l'Univers, nôtre saint père Créateur. Il n'avait rien de tout ça. Il a été stupide de se dévoiler ainsi. Au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est bien comme cela que ça se résumait. Et la présence même de mon paternel n'allait pas me retenir de le faire souffrir. Mais tous ses songes furent interrompus vivement... Trop vite, par l'intervention du Seigneur Noir qui fit fort réagir mon second moi.

* Gyah Gyah, Hihihi ! Instable, t'entends ça p'tit Ryuuku ?! Hihihihihi !! Hyaaaaaaa Giiiihhhhh !!! Gaaaaahhh ! Et l'auuutreeee fils de CHIENNE, HAHAHA ! Tue-le !! Hihi, allez, pour faire plaisir à Akuma !! Hiiiii ! *

Il ne manquait que lui... Même si il ne m'était pas nécessaire en ce moment et que d'habitude, il m'exaspérais, cela m'assurait dans ma démarcher cependant.

* Akuma, je pense que j'ai trouver mieux à faire... Cela dépendra simplement de nôtre patience. *

A vrai dire, même mes futurs actes allaient correspondre à un manque de respect profond envers mon paternel. Je savais exactement que cela correspondait à mes plus profondes convictions et par conséquent, que cela en serait également le cas pour mon père et Créateur. Puisque mes principes étaient les siens. Je fixa légèrement le sol avec un certain sourire malsain avant de dire à voix basse.

- Hun hun hun.. Hun hun. Hun Hun Hun Hun !

En réalité, je jubilais d'avance des souffrances qu'allait rencontrer l'autre bâtard. Et ce sentiment de réjouissance et toute puissance ne firent que réagir d'avantage mon second moi.

* Giiiiiiihhhh ! Ryuuku, laisses moiiiii ! Laisses moi le contrôôôlleeee ! *

Et ainsi, je tomba subitement à plat ventre contre le sol. Et j'éclatais littéralement de rire. On pouvait y voir mon dos bondir tant les éclats de rire étaient devenus violents. C'était de la pure démence, c'était mon second moi, Akuma. Un être complètement fou, impassible et destructeur. Quelqu'un sans raison, sans sentiment et ne cherchant que mort et implosion. Je me relevais difficilement, les mains sur mes genoux. Je riais tant comme un damné que j'en perdais l'équilibre. Mon expression était devenue complètement différente. On voyait un énorme sadique sur mes lèvres, qui n'inspirait que crainte et réjouissance pour moi-même. Je cambrais légèrement et une autre chose avait été changé. Mon iris changea, elle s'affina lentement et prit la forme de celle d'un félin. Mon père me connaissant assez ce que ça signifiait, et moi également. Je continua de rire un petit moment avant de regarder une dernière fois mon père.

- Regardes.

Habituellement, je vouvoie mon père. Et ce simple changement de politesse suffisait à le faire comprendre que quelque chose avait changer en moi. Qu'en réalité, je n'étais pas moi ou du moins, un autre moi. Puis soudain... Je mua ma main en une longue et fine lame de glace. Longue comme une dague mais plus dur que n'importe quel métal. Sa température était sans doute celle d'un glas mortel. J'éclata légèrement encore de rire puis je me précipita sur le futur blessé. Je le pris par la gorge et continua de courir avec lui jusqu'à le fixer contre un mur. Et puisque c'était mon autre moi en plus d'être déjà surpuissant en temps normal, ça ne me prit que deux secondes. je sentais les os commençaient à craquer sous la pression et je l'eus maintenu jusqu'à avoir passer ma tête à côté de lui, très doucement. Puis soudainement un énorme éclat de rire aigu de ma part et ma main, ou plutôt la lame de glace passa dans ses entrailles. Puis une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... Huit fois, neuf fois, dix fois... Dix-sept fois, dix-huit fois, dix-neuf fois, vingt fois. Le sang giclait et éclaboussait mon visage, le gratifiant d'un magnifique rouge vermeille. La panse du rat n'était plus devenu qu'une soupière et son supplice fût malheureusement, court. Tous les coups infligés étaient de plus en plus profond et violent à chaque fois, accompagné d'un rire sur-aigu plus fort mais pendant seulement une trentaine de secondes pour la totalité des coups. Je donna un dernier coup et laissa la lame en lui, augmenta légèrement sa taille enfin de faire envahir un froid nouveau. Je forçais afin de faire entrer la glace le plus profondément possible et une fois fais.. Je passa doucement la langue sur la joue du blessé, éclaboussé de sang. C'était vraiment bon, le meurtre confère un plaisir presque aussi puissant que le sexe.

Alors je restais là, la lame plantée. A savourer les douces de secondes d'agonie qui restait au Déchu.