Première entrevue [PV: Gab Rokabilys]

Arrivé. Il l’était enfin. Devant lui se dressait Zélia, la capitale Xunlai. Sa première mission ici consistait à obtenir du Roi ou de la Reine d’avoir des appartements à lui dans le Palais directement, et d’y cacher cette épée.

Cette épée, cette énorme épée. Il l’avait devant lui, du moins la garde seulement, la lame étant immatérielle… Il en émanait un caractère sombre, noir, maléfique. Pour autant, il aimait cette arme, et ne s’en séparerait pour rien au monde. Elle était le seul vestige de la présence de son maître, celui qu’il avait servi durant des années, celui qui l’avait formé au combat, faisant de lui un adepte. Cet être si charismatique, si puissant, si énigmatique, et pourtant si faible, si chétif à travers son aspect squelettique et cadavérique. Son passage à l’au-delà n’avait été qu’une formalité, il aurait du y être depuis longtemps. Mais il avait lutté pour lui, Dexhyan. Il était temps de faire revivre l’Ordre de Gaïa ici, de défendre la liberté.

Résolu, sa lame écrasante sur le dos, Dexhyan marcha droit devant. Si son habit sombre ne lui avait valu aucun malaise à Furentez , chacun ici le regardait bizarrement. Tâchant de ne prêter aucune attention à ces regards interrogateurs voire suspicieux, il alla voir la première patrouille qu’il
croisa. Les Soldats, en le voyant, levèrent instinctivement les armes. Il leur parla alors calmement.

Soyez sans crainte, je suis des vôtres.

Vous n’imaginez même pas le nombre de Déchus qui disent cela. Prouvez-le donc !

Je ne saurais comment vous le prouver. Je souhaite simplement rencontrer le Chef des Xunlais.

C’est ça c’est ça… Pour l’assassiner avec un de vos pouvoirs, pas question ! On va vous y emmener au Palais, mais plutôt du côté des cachots…

Aussitôt les deux soldats lui saisirent les deux bras qu’ils affublèrent de chaînes rigides. A coups dans les épaules, ils le dirigeaient à travers la ville, sous les regards curieux des badauds. Ils voulurent prendre également son épée, mais les nœuds savants de l’Yrkhos et ses mains attachées
eurent raison de leur envie.

Dexhyan se fichait bien de cette humiliation. Il marchait la tête sous sa capuche, droit, guidé par les coups venant plus que nécessaire. Tout ce qui lui importait était d’entrer dans le Palais. Une fois qu’il y serait, il se débrouillerait bien par lui-même pour trouver le Chef et lui demander ce qu’il souhaitait…

Gabriel marchait dans les Rues de Zélia. Il était dans une zone resplendissante de la ville, plus qu'aux autres endroits. Les murs des habitations étaient d'un blanc chatoyant. Dans une matinée ensoleillée, il serait possible de s'aveugler de la manière. A chaque fois qu'il faisait un pas, certains citoyens s'inclinaient. D'autres le saluèrent d'un signe de main. Soudain, lorsqu'il tourna dans une autre rue, un mendiant le regardait d'un air de piété, Gabriel s'approcha de lui, s'accroupit à côté de lui et discuta un peu avec lui. Ses Gardes étaient derrières lui, à surveiller le moindre fait suspect. Le Roi Xunlai donna une petite bourse de pièces au mendiant, qui, celui-là, s'inclina en remerciant le Roi fabuleusement.

Ainsi était la vie du Roi Xunlai à Zélia. Une vie faite de respect et de pouvoir. Soudain, il vit un homme encapuchonné en train de se faire trainer dans les rues sombre. Cette route menait aux cachots de Zélia. Zone extra-défendue. Gabriel arrêta les Gardes. Ils étaient des Grismantels, des Gardes de sous-classe. Se sont habituellement des criminels, ou bien des fanatiques. Ils ne disposent point d'entrainement rigoureux, comme la plupart des Gardes. Ils disposent d'un petit équipement, seul suffisant à faire tenir l'ordre dans la ville et les bâtiments municipaux.

" Que faites-vous de lui ? " s'exclama le Roi.

" Nous faisons mettre aux cachots cette personne désirant rentrer dans le palais, votre Grandeur. " répondit l'un des Gardes avec stress.

" Et pourquoi voulait-il rentrer dans le palais ? Répondez je vous prie. "

" Pour parler avec vous, Grandeur. " dit l'autre Gardes avec une légère frayeur.

Gabriel fit signe aux deux Grismantels de le lâcher. Gabriel se tenait là, devant l'inconnu. Les Gardes royaux redoublèrent d'attention. Un parc était à côté du lieu de la conversation. Il fit signe à tous le monde de venir dans ce dernier.

Il était encore traîné ainsi sur quelques centaines de mètres lorsqu'une voie qu'il reconnut lui parvint aux oreilles. Elle n'était pas si autoritaire la dernière voie qu'il l'avait entendu, elle n'avait pas cette même bienveillance... mais c'était bien la même; celle du Nain qu'il avait rencontré dans les champs, celui là même qui avait comblé une partie de son ignorance à propos de ces champs.

Il était un Nain. Et pourtant, dans une situation comme celle-ci, la voie forte, le buste droit, la figure haute, il paraissait immédiatement plus important, plus grand...

Dexhyan les laissa s'entretenir entre eux. Les Gardes semblaient se faire tout petit devant le Roi, le Roi qui semblait ne pas l'avoir reconnu...

Qu'importe, sur son invitation, il avança de lui-même en direction du parc. De sa propre initiative, Dexhyan choisit un endroit plutôt à l'écart, derrière une haie d'orchidées qui montaient haut et formaient une sorte de spirale.

Lorsque tous furent ici, l'Yrkhos n'attendit pas qu'on lui donne la parole.

Il ignorait les usages en pratique ici, mais il posa tout de même un genou à terre, avant de se relever après un moment. Le visage toujours indiscernable sous sa capuche, il parla enfin.

Votre Grandeur. Je souhaitais gagner le Palais effectivement pour vous entretenir. Cependant, je crains que le sujet de cet entretien ne concerne point d'autres personnes que nous deux...

Il laissa le Roi comprendre sa requête. Il savait pertinemment qu'ainsi les mains liées à des chaînes solides il ne risquait rien. Dexhyan attendit donc patiemment que le Nain décide de renvoyer les deux Gardes à leur patrouille journalière et les autres à l'attendre un peu plus loin.

L'Yrkhos était calme. Il l'était toujours. Mais à présent qu'il était devant le Roi, plus rapidement que prévu à dire vrai, il ne savait trop par où commencer pour sa requête...
Qu'importe, il aviserait.

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