[test RP: Lilith]Objectif Baronnie

C'est donc ça, l'intérieur...

Habilement perchée sur une branche robuste d'un arbre feuillu, la Gorgone scrutait le palace qui lui faisait face.

Au niveau du sol, on ne voyait rien d'autre que des murs de briques solides et un portail de bois massif pour seule entrée. Il ne semblait pas y en avoir d'autre, même dissimulée. Un ou deux tours de l'endroit suivant la surveillance l'en avait convaincu.

En parlant de surveillance... un, deux, trois, quatre... pas moins de 8 gardes visibles dans son champ de vision pourtant incomplet et restreint. S'infiltrer dans cette habitation ne serait pas chose aisée, d'autant que les gardes semblaient ne pas être des débutants vu leur démarche sûre, et l'efficacité de leur surveillance: aucun trou à un quelconque moment que ce soit, du moins sur ce qu'elle pouvait observer.

Elle qui pensait s'infiltrer comme une ombre, accomplir son travail sans s'attarder et repartir aussitôt... c'était impossible. Il lui fallait rentrer par la grande porte... Mais comment ?

A la seule pensée d'une possible colère du Créateur s'il apprenait qu'elle avait échoué, Lilith trembla et réfléchis du mieux possible; elle devait attirer l'attention des gardes sur elle, tout en perçant leur vigilance...

Elle resta ainsi quelques minutes sur son arbre, se laissant aller à multiples réflexions dont elle pesait l'accessibilité et la marge de manœuvre. L'idée définitive lui vint lorsque le Baron sortit de son habitat richissime... la cible.

Agir efficacement, agir vite.

Lilith sauta de la branche et se réceptionna habilement au bas de l'arbre.
Sans perdre un instant, elle sortit sa dague qu'elle prit dans une main. Elle semblait hésiter un moment, et à nouveau l'image du Créateur apparu dans ses pensées. Elle n'hésita plus et, dans une grimace de douleur, se blessa elle-même au niveau du bras droit.

Jetant sa dague au loin, lilith passa à la suite du plan: un sort de terre se préparait dans ses mains, qu'elle posa au sol pour provoquer une secousse qui ne manquerait pas d'attirer l'attention des gardes. Ainsi fut fait...

Quelques secondes après l'impact du sort, quelques gardes arrivaient, toute lame dehors.
La Gorgone avait juste eu le temps de procéder à la touche finale de son stratagème... décidément, ces gredins là n'étaient pas à prendre à la légère.

Allez. Sois une gentille jeune femme toute mignonne maintenant...

Simulant une douleur extrême, Lilith feignait de s'accrocher difficilement à une roche près d'elle et faisait de grands signes pour qu'on la remarque.
Les gardes ne surent trop que faire. Tachant de deviner un ennemi potentiel, ils ne voyaient rien d'autre que cette jeune femme au loin, et hésitaient à aller à son devant.

Le Baron accouru alors. Devant l'ampleur de la secousse et au beau milieu de ses hommes, il avait du suivre le mouvement au-dehors. Il exigeait que ses gardes restent sur le qui-vive, tandis qu'il se dirigeait vers l'inconnue recroquevillée sur sa pierre.

Ca ne pouvais pas tomber mieux...

Le Baron avait tout du Baron type. Il était enveloppé, habillé de riche façon, paniquait vite...

C'est dans tous ses états qu'il apparu devant la jeune femme.

Q-qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Et-et que s'est-il... passé ? Mon Dieu! Mais vous êtes blessée!

Les Gardes accoururent. On voyait bien qu'ils ne comprenaient pas non plus, mais la présence de la Gorgone ici était source de suspicion.

° Pas bon ça. Il vaut mieux que je lui parle seule à seul... débarrasse-toi de ces Gardes! °

Avec une voie faussement paniquée, un visage implorant et effrayé et des yeux envoûtants, Lilith était à présent dans la phase d'infiltration. Elle plongea son regard irrésistible dans les yeux du Baron.

J-je me nomme Li-Lilith. Je suis... aventurière. Je vais ici et là, au gré du vent et de mes envies. Je me suis arrêtée ici pour vous demander hospitalité pour la nuit, le village le plus proche étant fort loin pour une jeune femme comme moi!
Mais alors que je m'apprêtais à mander un Garde, un homme vêtu de noir s'est posté derrière moi et a voulut me... me...

Secousse des épaules, visage bas, respiration saccadée, et reniflements discrets. Le nécessaire pour simuler des pleurs, qui ne manqueraient pas d'attendrir un homme...

J-je comprends... je suis désolé. Mais... cette blessure ? Et cette secousse ? Vous avez très certainement du la ressentir vous aussi n'est-il pas vrai ?

Passant ses mains sous ses yeux pour essuyer ses "larmes", la Gorgone releva un visage dont l'expression était passée à l'infiniment triste.

J-j'ai essayé de... me défendre. Et... cela ne lui a pas plus alors il m'a... il m'a...

Il vous a blessé. A L'arme blanche visiblement.

° Ces soldats! Foutus soldats! Ils vont tout faire tomber à l'eau... débarrasse-t'en vite! °

Oui. Il-il avait une dague. Il a voulut me tuer mais j'ai pu passer mon bras devant. Malheureusement il m'a tout de même infligé cette vilaine plaie.
C'est alors que j'ai sorti une de mes dagues, et que profitant d'un moment d'inattention de mon agresseur, je lui planta dans la cuisse droite. Puis je lui assena un coup de pied et il s'est alors enfui en titubant et en jetant ma dague un peu plus loin...

Elle est là! Je viens de la trouver... elle est entachée de sang.

... et ensuite, la secousse, c'est un sort que j'ai lancé. Le temps de reprendre mes esprits j'ai voulu le repousser, lui faire comprendre que s'il revenait, il irait croupir dans les entrailles de la Terre... Je suis désolée de vous avoir importuné avec cela...

Le Baron était un peu attendri, mais pas de quoi le manipuler à loisir.
Il paraissait aussi plus serein à présent que l'inconnu n'était plus. Un blanc s'installa...

° Les sentiments fonctionnent moyennement lorsqu'on n'a pas sa confiance... si c'est comme ça, gagne sa pitié! °

La Gorgone se releva d'un coup, se tenant le bras meurtri et un rictus marquant son visage.
Les Gardes avaient relevés leurs armes... Il devenait urgent de se débarrasser d'eux.

Hé! Mais que faites-vous donc ?

Je vais retrouver cet homme et lui faire payer le prix de son affront.

Ne dites pas n'importe quoi voyons! Vous êtes blessée!

Messire, n'êtes-vous donc pas de cet avis qu'un homme ne doit point maltraiter une femme ?

Lilith jouant avantageusement de son regard ensorcelant, les yeux du Baron renvoyaient des informations contre lesquelles son esprit mâle ne pouvait lutter. Et ses paroles étaient justement pesées.

Heu... Si, évidemment mais...

Alors je dois le faire.

Mais vous n'y pensez pas ? Vous risquez seulement qu'il finisse le travail! C'est dangereux enfin!

Et qui le fera si ce n'est moi ?

° Ah tiens, il s'inquiète pour toi maintenant ? ... Flatte-le, et il sera à toi °

Vous peut-être ? Allons, vous êtes un gentilhomme, Messire, pas un combattant.

Oh!

La chose qui semblait être un reproche brossait le Baron dans le sens du poil. La vérité passe toujours mieux avec quelques flatteries bien ajustées.

Vrai. Le fait que vous ayez accouru ici sans même une arme le montre bien. Vous n'êtes pas comme vos sold...

Yeux ronds, sourcils relevés, bouche légèrement bée, visage un peu étiré, le parfait utilitaire pour feindre une surprise spontanée si l'on rajoute un regard fixe sur l'objet de la surprise, en l'occurrence, le Soldat le plus proche. Une phase de silence s'installa pendant laquelle les soldats s'entreregardèrent. Le Baron lui, commençait à comprendre.

Messire! Vos soldats, vous pourriez les envoyer à la chasse de mon agresseur!

C'est-à-dire que... il peut être déjà loin...

Avec pareille blessure à la cuisse, j'en doute. Et s'il avait une monture il ne l'aurait pas laissé à l'opposé.

Certes mais...

Prendre les traits d'une jeune et belle fille en détresse n'était pas franchement difficile. Il suffisait de surjouer encore un peu, et...
Lilith prit dans ses mains celle du Baron à portée, et la releva contre son cœur. Ce contact doucereux semblait faire brèche dans la faible défense du Baron.

Oh, s'il vous plaît! Vous l'avez dit vous-même, c'est peut-être dangereux pour moi, mais pour vos soldats aguerris, c'est chose facile! Oh dîtes, vous n'allez tout de même pas le laisser courir ?

Le regard de la Gorgone l'acheva. Le piège commençait à se refermer sur la Baronnie...

Certes non Ma Damoiselle. Je me dois d'agir avec honneur et cette agression envers vous est indigne d'un homme.
Soldats!

Le Baron s'en était retournés vers eux, non sans éterniser un contact physique dont il n'avait plus l'habitude, et sortit de ses habits de riche bourgeois une bourse d'or bien garnie.

Soldats! Une bourse comme celle-ci à quiconque ira faire justice auprès de ce mécréant!

L'effet fut fort. Au-delà même des espérance de Lilith: tous les mercenaires, puisqu'ils en étaient, sauf deux se proposèrent pour la chasse à l'homme inexistant.

Et ne revenez pas avant d'avoir en vos mains la tête de cette vile crapule, ou vous le regretterez amèrement, foi de Baron de Furentez!

Partant dans une direction donnée par la jeune femme, les derniers cris du Baron ne purent que faire sourire Lilith.

° Gagné °

Oh, vous êtes merveilleux Monsieur le Baron de Furentez!

Gagné oui. Mais il restait encore deux soldats, parmi ceux qui avaient accouru...
Et rien n'était moins sûr que les soldats partis ne reviendraient pas plus tard, au moment le plus inopportun. Il fallait donc savoir ce que pouvait représenter précisément cette Baronnie.

Je vous en prie Ma Damoiselle, c'est un devoir.

° Voilà qu'il se donne des airs maintenant... si je ne t'avais pas forcé, jamais tu l'aurais fait! °

Mais dîtes, cela ne résout pas mon problème. A l'origine, j'étais venue pour vous demander hospitalité. Est-ce possible ?

Et comment ! Ce serait un honneur que de vous accueillir dans mon humble demeure, et ce, jusqu'à ce que vous soyez pleinement rétablie.

Vous êtes si généreux! Vous avez toute ma gratitude, noble Baron.

Quelque chose la rebuta aussitôt après ces paroles. Un sourire qui cette fois n'était plus gêné. Un sourire étiré, quelque chose de... malsain, qui la mettait mal à l'aise. Il n'y avait qu'à regarder la lueur des yeux de l'homme en face de Lilith pour comprendre; l'instinct mâle du Baron se flattait d'avoir pu "rentrer" dans les faveurs d'une jolie femme.

Je vous en prie. C'est naturel. Venez, je vous accompagne.

Le Baron lui tendait sa main qu'elle prit avec fausse gaieté. Elle détestait ce genre d'homme intéressé, suffisant et hypocrite. Qu'importe, il paierait ce prix tout à l'heure; d'ailleurs, il le payait déjà: le Créateur avait décidé de son destin...

Soldats, nous rentrons. Il n'y a plus rien à faire ici. Ah, et ramassez la dague de Ma Damoiselle aussi.

Le Baron s'en allait par le portail "aidant" une Gorgone très dans son rôle à marcher... L'infiltration avait réussi, restait à tuer cet homme.
Bien que tout ce soit admirablement bien passé, Lilith eu un mauvais pressentiment lorsqu'elle vit plus en arrière un des soldats s'attarder un peu trop sur sa dague.

La demeure du Baron était toute blanche, et donnait de l'extérieur déjà une impression de prestance, de richesse établie, et de noblesse.
Les Servantes qui s'affairaient encore à entretenir les jardins malgré l'heure tardive se pressèrent d'obéir aux directives du Baron.

Servantes! Veuillez prendre soin de cette Damoiselle. Il faut soigner sa plaie, et mettez-vous à sa disposition pour quelconque désir de sa part.

Oui Monsieur.

Et que les autres s'occupent de la table et du repas. Préparez un festin, en l'honneur de cette Damoiselle qui nous tiendra bonne compagnie.

Bien Monsieur.

Une des servante se retourna vers elle, s'inclina, et fit comme si Lilith était désormais sa maîtresse.

Madame, veuillez me suivre s'il vous plaît. Je vais panser votre blessure.

Un signe d'acquiescement feint. Il ne fallait pas trop qu'elle s'éternise, car plus il en serait ainsi, plus elle risquait de se faire découvrir. D'autant que le même mercenaire suspicieux ne cessait de poser son regard sur elle. Et puis elle n'aimait guère devoir quitter la cible de son champ de vision.
Elle posa un dernier regard envoûtant sur le Baron, comme pour lui dire de l'attendre tranquillement... d'attendre la mort.

Elle avait traversé plusieurs couloirs et pièces aux décorations aussi colorées que somptueuses. Toute la richesse de la Baronnie s'en ressentait jusqu'à en devenir palpable.
De nombreux tableaux, quelques sculptures, une architecture particulièrement élaborée, tout n'était, jusqu'au plus infime détail comme ces pierres précieuses incrustées dans un vase antique, qu'étalage et symbole d'une richesse démesurée.
Elle était à présent dans une pièce lumineuse et fort belle. Un lit à baldaquin était là, recouvert d'un drap de lin rouge pâle, doux et soyeux. D'autres ameublements enrichissaient la pièce. Tous étaient fabriqués dans un bois noble, que ce soit de l'ébène ou autre.

Ce sont ici vos appartements pour la nuit Madame. Cela vous satisfait-il ?

Fort bien! C'est magnifique.

Bien, à présent, il faut panser votre plaie. Pourriez-vous prendre place ?

Une chaise était présentée à elle par la Servante qui avait posé sur une commande un nécessaire de soins. Lilith prit place et se laissa faire. La servante était douée: elle s'y prenait bien et faisait vite. En moins de cinq minutes, la plaie était désinfectée, nettoyée et bandée.

Vous êtes douée. Je me sens beaucoup mieux! Merci beaucoup!

Lilith gratifia d'un sourire bienveillant la gentille servante qui le lui rendit bien.

Je vous en prie Madame. Y-a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous servir ?

Non, merci.

Dois-je vous faire appeler pour le souper ?

Non plus. Je n'aime guère attendre. Alors je vais descendre et regarder ces portrait que je vis en rentrant. Ils étaient fort beaux.

Très bien. Au revoir Madame.

La servante s'apprêtait à quitter la pièce lorsque Lilith trouva un moyen de se renseigner sur cette "Baronnie". Mieux valait en apprendre des personnes que l'on soupçonnerait le moins...

Oh, attendez! Monsieur est Baron n'est-il pas vrai ? Mais que représente ce titre exactement ?

C'est un titre qui donne une influence diplomatique à Monsieur. Il est une des personnalités locales les plus importantes de Furentez, à laquelle nombre de concitoyens doivent respect et obéissance. Il est déjà arrivé que certains faillissent à ce devoir, mais il n'auront plus occasion de le faire...

Oh... je vous remercie. Vous pouvez disposer.

La Servante quitta la pièce dans un dernier salut, laissant seule Lilith qui réfléchissait à son plan d'action. Le meilleur des cas serait de trouver le Baron seul quelque part immédiatement et de s'enfuir aussitôt, mais trop de monde était présent pour ne pas être découverte, même si elle était à présent sûre que les mercenaires en vadrouille ne reviendraient pas avant fort longtemps...

Lilith était encore dans la chambre mise à sa disposition. Il fallait en finir vite.
Si elle parvenait à coincer le Baron avant le dîner, elle pouvait le tuer sans bruit, et aurait assez de temps pour escalader les murets et s'échapper avant que l'alerte ne soit donnée.
Il fallait donc passer aux choses sérieuses.
La Gorgone lissa ses vêtements et fit les plis nécessaires pour rendre plus profond le décolleté de sa robe. Elle descendit au rez-de-chaussée. S'attardant un peu pour voir toutes ces choses si belles qui emplissaient les couloirs, elle éraflait du bout des doigts les murales si particulières.

Arrivée en bas des marches de marbre blanc, elle tomba nez-à-nez sur une femme à l'air sévère, visiblement surprise de sa présence, et quelque peu pincée de son apparence physique et de ses vêtements...

Qui êtes-vous jeune femme ? Et que faites-vous dans ma demeure ?

Le Baron survint alors, l'air très gêné. Ses mains moites jouant l'une avec l'autre, il paraissait être un toutou obéissant.

C'est une femme égarée ma mie. Elle a été agressée devant notre demeure tout à l'heure. Je l'ai invité à se faire soigner et à souper ici.

Ma demeure. Et pourquoi ais-je cette impression que malgré vos bonnes intentions vous me cacher un bien vilain tour mon époux ?

Nullement ma mie, nullement.

J'espère bien pour vous.

La Dame s'en alla alors l'air hautain, sans même un regard pour Lilith ni même une politesse de bienvenue.

Ne prêtez pas attention à elle. Elle est souvent capricieuse mais au fond elle est très attachante.

Je ne m'inquièterai que pour vous Messire. Cette Dame n'est pas mon épouse...

Au loin, la Dame faisait encore des siennes. Elle était passée comme un boulet de canon et avait bousculé une servante qui portait alors la vaisselle à la table, la faisant tout renverser. Le bruit de porcelaine brisée fut sinistre et les cris de la Dame qui aboyait encore insupportait Lilith.

Qu'avez-vous fait, incapable ?! Vous n'êtes décidément bonne à rien! Faut-il que je fasse moi-même ce dont vous êtes payée pour faire ?

La Dame se pencha pour prendre la vaisselle intacte, et aussitôt le soldat suspicieux se pencha pour la devancer.

Laissez ma Dame, je m'en occupe. Vous risqueriez de vous blesser avec des morceaux égarés.

Hum... encore heureuse qu'il existe encore des personnes réellement utiles dans cette maison!

° Insupportable... Perd ton temps à aboyer, je vais m'occuper de ton cher époux ma vieille... °

Tout bas, elle susurra au Baron encore à côté d'elle et visiblement honteux que Lilith assista à une scène pareille, jouant de son corps pour gagner son oreille.

Dîtes, ne pourrait-on pas aller ailleurs le temps que nous soyons appelés pour souper ? Je ne supporte pas les cris de votre chère et tendre...

B-Bien sûr! Venez dans mes appartements, nous y serons plus tranquille.

Le Baron ouvrit le chemin, puis un peu plus loin s'esquissa pour laisser Lilith entrer dans une chambre encore plus grande et plus belle que celle qu'elle avait. Il ferma la porte et resta là, ne sachant trop que faire.

° Faut vraiment tout faire avec lui! °

Vous allez rester debout tout ce temps ? Permettez, moi je m'en vais me mettre à l'aise sur ce lit...

Elle sauta à bas du lit très confortable, et se surprit à s'y étendre dans une sensation de plaisir réelle. Si seulement le Créateur pouvait mettre à disposition pareil luxe au Conclave!
Féline, sensuelle, gracieuse, tout simplement magnifique, elle laissait entrevoir ses lanières de cuir...
Le Baron était ensorcelé, mais ne bougeait pas. Levant une main douce vers lui comme une ultime invitation, elle continua son œuvre.

Vous ne venez vraiment pas ?

Alors le Baron se mit à bouger, lentement. Son esprit était sûr de ce qu'il voulait, mais ses jambes hésitaient. Il ne gagna le bord du lit qu'après de longues secondes.
Il s'y affala alors, passant une main sur le visage doux de Lilith. Il était enfin mûr pour la mort.

Monsieur le Baron. Ouvrez cette porte, ordre de votre Femme.

° Le mercenaire! C'est pas vrai! Et cette femme... °

Le Baron se releva en sursaut. Une grosse goutte de sueur perlait sur son visage.
Il alla ouvrir la porte sur le champs, faisant comme si de rien n'était, prenant un livre au passage.

Oui ? Qu'y-a-t-il ? Je montrais seulement à cette jeune femme notre littérature préférée.

° Idiot, te justifier équivaut à avouer ton tord °

Qu'importe, Madame a signalé que le souper était prêt. Nous pouvons prendre les entrées.

Ne sachant trop quelle attitude adopter, Lilith se comportait comme une jeune fille joyeuse et pleine de vie, affichant un sourire radieux et dégageant une aura de gaieté innocente.
Mais à l'intérieur d'elle-même, elle bouillait d'un sentiment de malaise et de colère. La femme du Baron lui posait des complications énormes. Si le soldat devait surveiller le Baron à chaque instant, jamais elle n'aurait l'opportunité d'accomplir sa tâche. Il fallait se débarrasser de ces deux là. La question était de savoir comment...

Elle chantonnait discrètement en attendant, s'attardant sur quelques décorations du salon, une particulièrement: un blason frappé d'une balance de couleur or sur un fond rouge, avec deux lions portant une épée de chaque côté, et un aigle dominant le tout, perché sur la balance. Les armoiries de la Baronnie de Furentez lui répondit-on lorsqu'elle posa la question...
Mais elle n'eut guère le temps de poser plus de questions, l'heure du dîner était venue, et la Baronne se montrait massacrante.

Tous étaient réunis autour de la table. La Baronne était installée en bout de table comme la Maîtresse qu'elle était. Son mari était juste à côté d'elle, et à côté de lui, Lilith.
En face du Baron se tenait le soldat suspicieux.
Il y avait aussi un couvert en bout de table, mais personne d'assis.
Lorsqu'elle voulut demander, les servantes avançaient une chaise vers la table, sur laquelle se tenait un vieillard qui n'en avait visiblement plus pour longtemps... mais c'était le doyen de la Baronnie. Sa présence était charismatique malgré la pitié qu'il provoquait pour lui. Sa chaise était en or massif, et une bague aux armoiries de la Baronnie ornait son majeur droit.

Le souper se déroula dans un silence de mort.
Le vieux était dans son coin, mangeant avec l'aide des servantes qui s'affairaient à l'aider. Tout ce qu'il fit fut quelques signes de tête difficiles pour accepter ou refuser un plat proposer par la Maîtresse. Pour le reste des personnes présentes, ils s'échangeaient les plats sans un mot... Les tensions étaient palpables: la Baronne toisait sévèrement son mari et portait de temps en temps un regard sur Lilith, se contentant d'un sourire faux lorsque la Gorgone s'en rendait compte. De même, le Soldat se livrait aux mêmes occupations, ne faisant de gestes que pour servir la Maîtresse. En ces conditions, ni les blagues du Baron vite replacées sèchement par sa femme, ni l'enthousiasme de Lilith devant les multiples plats riches et savoureux ne purent faire descendre la pression.

Le dîner se termina ainsi dans la même torpeur sur des desserts à la fois légers et excellents. Au moins, elle aurait bien mangé... Mais elle ne s'imaginait pas le moins du monde revenir auprès du Créateur en se félicitant d'avoir mangé comme jamais... Il fallait qu'elle trouve quelque chose pour coincer le Baron, et vite!

L'occasion allait lui être donnée après le repas.
Malgré la présence de la Maîtresse, Lilith s'était risquée à quelques contacts tactiles discrets avec le Baron, ce qui pouvait passer pour une tentative de réconfort pour lui, mais qui pour elle était plus un nécessaire pour ne pas le perdre. L'homme ne pouvait pas s'empêcher d'obéir à ses désirs mâles, et jetait parfois un œil malhabile dans le creux de sa robe... Cela la rassurait, et la Maîtresse ne manqua de le percevoir. Mais au lieu d'agir pendant le repas, elle préféra agir après...

Mon époux, je dois parler finance avec vous. Veuillez donc me suivre aussitôt dans l'office.

Oui ma mie, je vous rejoins tout de suite.

Aussitôt, ais-je dit...

Le Baron s'éloigna avec quelque excuses pour l'assistance derrière sa femme déterminée, et avec lui s'éloignait aussi l'idée que cette mission pouvait réussir pour Lilith...

En les voyant tous deux s'éloigner dans les dédales de couloirs richement décorés, Lilith pensait bien que l'échec n'était plus très loin. Si elle voulait encore réussir sa mission, il fallait les suivre, et savoir ce qu'ils se diraient, pour adapter son comportement en conséquence.

Elle se leva donc de table en s'excusant auprès du vieux qui ne fit qu'acquiescer. De mémoire, les latrines étaient dans la direction empruntée par les deux amants, elle prétexta donc s'y rendre.
En revanche, elle n'avait aucune idée d'où pouvait se situer la bibliothèque, mais elle avait réagi à temps: un claquement de porte un peu plus loin lui indiqua ce renseignement.

Elle gagna donc la porte de chêne sculptée main dans des détails parfaits avec discrétion, puis colla son oreille contre la porte; elle la retira aussitôt! La Dame criait si fort et le bois n'étant que piètre isolant sonore, on entendait tout à quelques mètres. Inutile donc de prendre autant de risques: Lilith se recula un peu faisant comme si elle cherchait quelque chose, et gardait une oreille attentive à la discussion qui se tenait à deux mètres de là...

... honte ?

Mais ma mie non, vous vous ima...

Oui, bien sûr, je m'imagine des choses! Et ces yeux baladeurs que je vis pendant le repas, oserez-vous encore mentir en prétextant une quelconque illusion de sorcier ?

Ma mie mais calmez-vous enfin!

Comment osez-vous ? Quelle sorte de monstre êtes-vous pour préférer pareille fille de joie à une noble comme moi ?

Ces filles de joie ont au moins l'avantage de ne pas être des enclumes...

Un claquement sec. Une gifle sans doute gratifiée par la Dame à son mari. Lilith s'était surprise à étouffer un rire discret à la remarque du Baron, mais la Dame évidemment ne l'avais pas perçu de la même manière! Cependant, ce rire avait été précédé d'un sentiment de colère. La traiter de fille de joie, elle! A l'intérieure d'elle-même Lilith se disait qu'il y aurait plus d'un meurtre ce soir...

Le ton avait baissé d'un cran, ce qui obligea Lilith à se rapprocher.

Jouez donc mon époux, jouez donc. Il n'empêche que je reste seule Maîtresse des dés...
N'oubliez pas que ce titre de Baron qui fait tant votre fierté ne vous est autorisé que de par une union qui vous est bien profitable... Grand-père n'est point encore mort, et aussi vrai que cela sera le cas je n'aurai point son héritage en ma possession, autrement dit, vous ne l'aurez point non plus. Et s'il s'avérait que je sois déçue de vous mon époux, un divorce vous arrangera sûrement...

Le Baron ne répondait plus. Sa femme le tenait par l'argent... et elle lui demandait de choisir entre cet argent ou Lilith. Bien sûr il ne prendrait pas le risque de perdre son titre et ce qui irait avec. S'en était fini pour elle...

Vous m'avez déjà fait honte une fois, je n'en tolèrerait aucunement une seconde...

Un hoquet de surprise derrière elle. La Gorgone se retourna et à son grand damne vit le soldat qu'elle n'aimait guère voir fouiner.

Hé bien! Que faites-vous là ? Ne deviez-vous pas aller aux latrines ?

La voie du soldat alerta le monde à l'intérieur de la bibliothèque. La Dame sortit en première et jeta un regard incendiaire à son époux en voyant Lilith.

Je... C'est que je pensais retrouver l'endroit mais... je me suis perdue! C'est grand ici...

Le soldat, sans un mot, leva la main et indiqua la porte des latrines. Lilith n'eut d'autre choix que d'y aller, penaude.
Derrière elle, la résistance s'organisait; La Dame portait un regard de dégoût sur son époux qui se fit tout petit, puis reporta son attention sur le mercenaire.

Surveillez-la.

Il acquiesça et se mit en route sur les talons de Lilith.

° Les problèmes commencent... trouve quelque chose ma fille, et vite. Sinon cette maison sera peut-être ton cercueil... °

Sortant des latrines, Lilith était au plus mal. Le mercenaire l'attendait de pied ferme et lui enjoignait d'aller dehors.

Et si je n'en avais pas envie ? Le Baron a bien précisé que je pouvais faire comme il me semblait!

Le mercenaire écarta légèrement sa tunique, laissant entrevoir sa lame.

Vous en avez envie. Et le Baron n'a aucune influence sur les décisions de Madame. Elle a décidé de vous écarter de lui le temps que vous resterez ici. Croyez-moi, c'est mieux ainsi.

Sans mot, il fit un signe de tête vers l'extérieur. La Gorgone, résignée, n'eut d'autre choix que d'aller dehors, le mercenaire sur ses talons.

La jeune femme frissonnait un peu mais il aurait été futile de demander à rentrer pour être au chaud. En effet, dans les jardins, la nuit était fraîche, malgré la chaleur que pouvait apporter un passage près d'une torche, disposée ici ou là sur son tendoir, illuminant d'une jolie couleur rouge orangée les murs blanc de la demeure, ou éclairant par endroit des coins du jardin.
Un banc de bois était disposé près d'une fontaine. L'endroit était assez éclairé, et c'était là que la conduisait le soldat.

Pourquoi m'interdire de voir le Baron ?

Parce que Madame en a décidé ainsi. Et parce que je n'ai pas confiance en vous. Je vous soupçonne d'avoir des intentions démoniaques au sein de cette demeure.

Pardon ? Mais c'est n'importe quoi !

N'importe quoi dites-vous ? Vous disiez avoir planté votre dague dans la cuisse de votre agresseur. Si cela avait été le cas, toute la surface de la lame aurait été maculée de sang. Mais seul un tranchant était ensanglanté, ce qui fait davantage penser à une blessure plus superficielle... ce qui fait davantage penser... à votre blessure.
Vous vous êtes blessée par vous-même. J'ignore dans quel but, mais pour en arriver à pareille fin, il faut avoir un objectif des plus importants. C'est pourquoi je vous soupçonne.

Le mercenaire était assis sur le banc, tranquillement. Lilith elle était debout, de dos. Ses yeux étaient marqués d'une expression de surprise: il avait tout compris, à partir de presque rien. Il serait inutile, et même aggravant d'essayer de le contredire et de lui faire entendre autre chose. C'était fini...

Lumière. Au loin. D'autres mercenaires riant bruyamment autour d'une viande rôtie sous les torches embrasées. Ils ne se cachaient pas, et avaient bonne vue sur l'endroit. Mais qui étaient ces mercenaires ? Les autres ne pouvaient pas déjà être revenus ?! Tout allait de mal en pis. Il fallait qu'elle se sorte de là!

° Gagne le temps nécessaire pour trouver son point faible. Au point où tu en es, tu ne pourras pas le charmer, trouve sa faiblesse ! °

Pourquoi n'irions-nous pas nous attabler là-bas ? Les torches me donneraient plus chaud déjà...

Je vois que vous contournez sensiblement le sujet qui nous occupe...
J'ai ma dignité, Démonne. Il se peut que je me trompe sur votre compte. C'est pourquoi je n'ai pas mêlé mes homologues à cette histoire. Je vous interroge seul à seule, eux ne sont chargés que de me surveiller, ou plutôt... de vous surveiller.

° Il a bien prévu son coup... Ainsi il peut me poser des questions sans éveiller de soupçons chez les autres, m'éloigner du Baron, et en plus se protéger d'une mort furtive... Quel pétrin!
Allez Lilith, ressaisis-toi. Le Créateur ne te pardonnera pas un échec. Un échec... un échec ? Foutaises! Toi et ta foutue Madame, je vous aur... °

Un flash. "Toi et ta foutue Madame"... La manière dont il l'avait servie avec attention durant le repas, le hoquet de surprise lorsqu'il avait entendu, comme elle, la dernière phrase de la Baronne... et la vaisselle brisée... "Laissez ma Dame, je m'en occupe. Vous risqueriez de vous blesser avec des morceaux égarés."

° Je te tiens °

Lilith s'en retourna en face du soldat. Elle avait toutes les cartes en main, restait à les diposer l'air de rien.

Me surveiller ? Et à quoi bon ?

La Gorgone se rapprocha dangereusement du soldat qui sans doute s'attendait à ce genre de réaction au vu de son sourire...

Et vont-ils continuer à nous surveiller lorsque...

Lilith se mordit légèrement la lèvre inférieure. Elle laissa aller ses doigts sur le buste du mercenaire qu'elle ne quittait pas des yeux. Sa cuisse gauche rentra en contact avec une des jambes de sa cible, la coinçant près de son entrejambe, tandis que sa poitrine venait se coller à son flanc, dans un léger souffle tiède. Un contrôle total, absolu, dont il n'avait pas la force de se défaire. Elle aurait pu continuer... il aurait finalement bien craqué, mais il y avait beaucoup mieux à faire...

Lorsque deux prédateurs se disputent une même proie, ils finissent par se mordre la queue.

Devant tant de charmes déployé, le mercenaire conservait sa lucidité de manière exemplaire.

Alors c'est comme cela que vous les avez tous ? Avec votre charme ? Vous détournez encore le sujet...

Allons, vous êtes un homme, et vous n'avez pas de femme...

Ce-cela ne vous regarde aucunement!

N'auriez-vous pas envie de goûter à quelques plaisirs ? Depuis tout ce temps...

La voie était doucereuse. Elle pénétrait aux oreilles du mercenaire avec lenteur, mais l'effet n'en était que plus convaincant. Restait à y ajouter l'atout...

C'est complètement hors de propos, cessez ce jeu mesquin immédiatement, ou je n'attendrai pas d'être sûr de moi pour tout dévoiler à la Baronne.

La Baronne, parlons-en... Vous l'aimez n'est-ce pas ?

Lilith se recula, assise à côté de lui sans rien faire d'autre que laisser ses mots faire leur œuvre. Le mercenaire lui, n'en revenait pas.

Je... Non! C'est faux! Pourquoi dites-vous des choses pareilles ?

° Finalement, j'ai réussi le contourner le sujet mon mignon °

Allons, ne vous cachez point. Vous l'avez entendu aussi après tout. "Vous m'avez déjà fait honte une fois, je n'en tolèrerait aucunement une seconde...".
Le Baron a déjà failli... et vous aimez Madame. Pourquoi vous priver ?

Cessez tout de suite, Démone!

Démone... alors que je suis prête à vous aider... Les femmes repèrent bien vite ces choses là lorsque le sujet ne les concernent pas. J'ai deviné la chose dès que je vous ai vu en compagnie de Madame. Et j'y suis particulièrement sensible... N'avez-vous donc pas compris que depuis tout ce temps j'essaie d'éloigner Monsieur de Madame pour vous ?

Je... Ce... C'est encore une de vos ruses. Je ne rentrerai pas dedans. Madame m'a déjà éconduit. C'est un amour impossible.

° Joue! Joue avec lui, tu l'as ! °

Rien n'est impossible ici-bas. Elle vous a éconduit avant que le Baron ne faillisse... Croyez-vous qu'elle vous éconduira cette fois encore, alors que votre amour à vous est sincère ?

... Non. C'est impossible.

Soyez un homme Soldat. Vous imaginez-vous vivre seul, dans cet amour insatisfait, tout au long de votre vie ? Ne percevez-vous donc pas que Madame est bien plus douce avec vous qu'avec quiconque, y compris son mari ?

Seriez-vous... en train de me dire... que Madame... aurait des sentiments... pour... moi ?

Le mercenaire levait la tête vers la Gorgone. Il était au bord de la rupture, des larmes se dessinaient sous ses yeux. D'une personne en qui il n'avait que suspicions et doutes bien fondés, Lilith était passée au stade d'une confidente ayant vent de tous les secrets... Le coup final.

Bien sûr!

M-Mais alors que dois-je faire ? Malgré toutes mes années de service, le Baron m'en voudra sûrement et fera tout pour se venger!

Oui, mais le Baron n'est pas insensible à mon charme lui. Si Monsieur était séparé de Madame, il se laisserait aller avec moi, et Madame occupée avec vous, ne penserait point à son Mari.

° Voilà. Ainsi tu n'as pas d'autre choix, en plus, que d'agir ce soir. °

Le soldat se leva. Son regard était déterminé. Lui parler de ce qui lui tenait à cœur, user de sa faiblesse, aurait eu raison de ses loyaux services. Il fallait cependant une dernière chose pour être sûre.

Très bien.

Ah, et n'oubliez pas. Madame est noble, et Madame est une Dame. Ce sont deux raisons qui font que les non veulent dire oui.

Le Soldat se mit en marche, seul, le buste droit, la tête haute, le pas rapide. Toutes ces années passées à cultiver son amour devenaient un poison qu'il fallait évacuer.
Lilith le suivait d'un peu plus loin, heureuse d'avoir triomphée. Il lui restait à ne pas louper le Baron.

Je dois vous entretenir personnellement. N'ayez crainte pour votre Mari, la jeune femme est avec les autres soldats.

Le Soldat avait été directement auprès de la Baronne, laquelle surveillait d'un regard sévère son mari. La phrase avait piqué sa curiosité et finalement, les deux nouveaux amants montèrent dans les appartements de la Baronne. Lilith pendant ce temps, une fois sûre de ne plus être découverte, rejoignit le Baron, un doigt sur ses lèvres. Ce dernier avait un regard interrogateur... il ne manquerait pas de trouver réponse...

Le Baron, vautré sur son sofa, ne savait trop que faire.
Devant cette femme si belle qui lui enjoignait de sa taire, un doigt sur les lèvres, il était perdu.

Attendez-moi.

Llilith avait susurré d'une voie mielleuse. Elle prit se dirigea vers les escaliers, empruntant la même voie que la Baronne et son amant juste avant. Elle prit son temps pour ne pas se faire découvrir, et arriva bientôt à proximité d'une porte d'où s'échappait une discussion bien indiscrète... ou plutôt, des faits indiscrets...

Que me voulez-v... Soldat ? Vous m'entendez ? Hé! Mais... que faites-vous ? Reculez voyons! Reculez immédiatement! Thrys, je vous en prie, ne m'obligez pas... THRYS, DEGAGEZ!

° Thrys... elle connaît son nom... °

Un sourire passa sur le visage de la Gorgone: c'était fini.

° Allez vas-y Thrys. Et n'oublie pas: "Madame est noble, et Madame est une Dame. Ce sont deux raisons qui font que les non veulent dire oui." °

Et le principe fut fort bien écouté. Qu'importait les ordres de la Baronne ? "Thrys" avait décidé qu'il avait trop attendu. La Dame entreprit de crier. Cela fut vite étouffé. Bientôt l'on n'entendit plus rien, plus le bruit d'un corps qui s'allonge, et des murmures à peine audibles. Puis... ce fut subit, discret, relâché avec spontanéité et surprise: un cri qui n'avait plus rien à voir avec une quelconque crainte. La Dame prenait enfin du plaisir, elle qui n'en avait plus droit depuis fort longtemps, elle se laissait aller aux bras de quelqu'un qui la désirait vraiment.

Du bruit. En bas. Le Baron s'était finalement levé, curieux, ou inquiet, elle ne savait trop.
Quoiqu'il en fut, c'était l'heure de lui donner ce que le Créateur lui réservait, la mort, mais avec la manière, pour son plaisir à elle.

Messire, une nouvelle terrible.

Devant le visage renfermé joué par Lilith, le Baron recommença à paniquer.

Madame... elle vous fait cocu.

Comment ??

Ce fut immédiat. La colère supplanta la panique. Le Baron monta les marches avec une dextérité que sa corpulence ne laissait guère apparaître, jusqu'à la porte qu'il ouvrit avec fracas. Son visage devint livide.

S-S-SOLDATS!!!!

Le cri fut rugissant, énorme. On aurait pu l'entendre au-dehors, d'ailleurs, ce fut le cas... Aussitôt, les mercenaires dînant dehors étaient accourus dans le salon d'où une de leur voie s'éleva.

Vous avez appelé Monsieur le Baron ?

Ici Soldats! Et vite!

Lesdits mercenaires passèrent devant Lilith à toute vitesse, le regard déterminé mais interrogateur, leurs épées presque sortit. C'était d'ailleurs pour cela seulement qu'il les avait fait venir: le Baron se munit d'une lame et entra dans la chambre, un regard meurtrier berçant doucement ses yeux... Un Soldat l'arrêta à temps. Heureusement... face à l'autre, il se serait fait tué sans qu'elle y soit pour quelque chose physiquement.
Lilith se précipita donc raisonner le Baron.

Messire, calmez-vous enfin. Montrez donc à votre femme que vous, ne vous laissez guère sombrer dans les tentations.

Vous ? Vous m'avez trompé alors! Démone!

Moi ? Mensonge! Trouvez donc un autre responsable que vous-même! Vous avez failli et déshonnoré la Baronnie, prenez-en les conséquences!

Monsieur le Baron, écoutez-moi!

Mon époux, attend...

IL SUFFIT! Soldats, enfermez ces deux-là dans les caveaux et ne les laissez sortir sous aucun prétexte! Et ce jusqu'à ce que je décide de leur sort. J'ai besoin de calme pour faire entendre justice !

Et il partit, le visage rouge, les traits tirés, la colère en son intérieur.
Lilith le rejoignit aussitôt. Il ne fallait pas qu'il manque sa chance. Le Baron dans cet état n'était pas en état de réfléchir, il fallait en profiter.

Les Soldats traînaient la Baronne et Thrys dans les sombres caveaux. Elle était tranquille pour un bon moment. Il lui fallait seulement attirer le Baron dans ses appartements avant qu'ils ne reviennent. Car pour l'heure, il allait au salon... refermant la porte sur lui-même.

Lilith attendit un peu puis entrouvrit la porte avec une hésitation surfaite.

Messire le Baron ?

Cette voie si douce, si mielleuse, parut familière au Baron. Mais sa colère ne disparaissait pas pour autant: il en répondit pas et s'enfonça sur son sofa sans aucune gêne.

Lilith adapta son jeu. Il ne fallait surtout pas qu'elle soit refoulée.
Elle ouvrit la porte lentement, mais ne fit pas un pas.

Messire ?

Je suis désolé que cette soirée fut ainsi gâchée Ma Damoiselle.

Je vous en prie. Ce n'est guère votre faute. Vous êtes un noble Baron vous, respectable.

D'ordinaire ces mots lui auraient arracher un sourire, mais il n'eut pour réponse que l'immense impolitesse de se retourner de l'autre côté. Il fallait les mots justes à la Gorgone.
Les mots justes...

° Justes ? °

Un flash, encore. Elle revoyait le début de la scène. Lorsqu'elle avait eu raison du Baron la première fois... "Je me dois d'agir avec honneur et cette agression envers vous est indigne d'un homme." ... "Une bourse comme celle-ci à quiconque ira faire justice auprès de ce mécréant!" ... Elle se souvint aussi d'une image: un aigle sur une balance dorée, les armoiries de la Baronnie... Et puis juste à l'instant, "J'ai besoin de calme pour faire entendre justice !".

Lilith entra franchement, sûre de son jeu.

Allons Messire...

Elle laissa aller ces doigts sur le torse gras du Baron.

Non! Cessez! Je ne dois point faire ce que je reproche à ma femme!

Ah ? Pourtant c'est elle qui vous accusait. C'est elle qui vous envoyait paître, elle encore qui vous surveillait, et me surveillait moi pour que je ne perturbe pas ses projets sans doute.

Assez, s'il vous plaît.

Allons, ce ne serait que justice...

Le mot fit son effet de pénétration, les caresses leur effet de conviction. Restait la finition, par la peur.

A moins que vous ne préféreriez le divorce...

Achevé. Le divorce serait tout sauf son affaire... c'était fini.

Après tout oui... à quoi bon ? Je ne puis pardonner, ni divorcer pour cette affaire... c'est encore le mieux à faire.

Le Baron se leva envoûté. Lilith le traîna jusqu'aux appartements du Sire qui s'y laissa faire, croyant sans doute passer un excellent moment en toute impunité et légitimité. S'en fut tout autre. La Gorgone avait assez perdu de temps.

Le Baron affalé sur son lit, elle se pencha légèrement, à cheval sur cet Homme méprisable.
L'aura se dégagea, et la dague sortit de son fourreau. Ce fut vite réglé: le doigt à la bague n'était plus rattaché à sa main, un trophée pour le Créateur attestant de son travail bien fait.

Le Baron surprit, se releva en hurlant, tenant le moignon sanglant de son autre main indemne.
Il ne comprenait pas, semblait cauchemarder.

Lilith elle, était très calme. Elle essuya sa dague ensanglantée et la rangea: elle n'en avait plus besoin. L'aura fut alors plus forte, et le Baron fut soudain paralysé. Son cri, son souffle s'arrêta, ses yeux ne donnèrent plus aucun expression, sa peau devenait plus blanche que rosée, son corps lourd et dur... comme la pierre.

Avant de mourir ainsi, Lilith donna son adieu.

Voilà ce qu'il en coûte de vendre des renseignements aux Xunlais sale traître!

Puis elle partit, laissant ainsi le corps sans vie et droit comme une planche du Baron.
Elle escalada habilement les murs, quittant cette maison désormais marquée du Créateur, ne risquant absolument rien, et entreprit de rentrer au Conclave. Elle y trouverai sûrement quelque part le Créateur... Elle avait un cadeau à lui remettre...

Fini, sauf si Créa veut intervenir...

Dans la nef de la Basilique de Furentez, Le Créateur tournait comme un lion en cage, exprimant clairement une impatience qui terrifiaient ses sujets. Il avait envoyé Lilith, son meilleur assassin, en mission, et elle n'était toujours pas rentrée. Soit elle avait raté sa mission et avait peur de se présenter devant lui sans avoir accompli son devoir, ou alors, elle prenait simplement son temps. Cela dit, Le Créateur en avait marre d'attendre. Il en faisait que ça depuis la Création du monde. Et bien que son enveloppe physique n'ait que quelques siècles, son esprit, lui, est infiniment plus âgé.

"Si je la retrouve sans la preuve de la réussite de sa mission... je la tue. Mais d'abord, elle passera aux salles de tortures de la Basilique, elle verra ainsi ce qu'il en coûte de faillir au devoir imposé par son Dieu."

Les salles de tortures étaient tout ce que l'on pouvait redouter à travers Azalya. Les prêtres retors qui dirigeaient les séances étaient tellement tordus, qu'il pouvaient faire souffrir une victime indéfiniment, provoquer les pires souffrances physiques et mentales, sans jamais la tuer. Et si Lilith ne venait pas, non seulement il devrait tuer le Baron lui même, alors qu'il déteste tuer pour rien, et en plus, il lui réservait une bonne cinquantaine d'années de souffrances infinies. Un châtiment divin, en somme.

"Allez... dépêche toi bon sang, tu ne mets pas aussi longtemps d'habitude..."

Finalement, la jeune assassin entra, un petit coffret en main. Le Créateur s'approcha brusquement vers elle, le visage cependant inexpressif, et lui prit le coffret des mains. Après un rapide regard vers Lilith, il l'ouvrit, et un demi sourire étira ses lèvres.

"Tu as donc réussi. Tu es bien digne de siéger au Conclave en tant qu'Assassin, et Politicienne. Je connaissais en détail le plan de la maison du Baron ainsi que l'état de ses forces, mais je ne t'ai rien communiqué pour tester ta capacité d'adaptation. On dirait que ça a bien marché. Je te remercie, tu peux disposer dans tes appartements, Lillith Asmodia."

Arrivée au Conclave, elle n'y trouva pas le Créateur. Mais ceux qui la connaissait lui avait dit qu'elle aurait toute chance de le trouver à la Basilique.
Nul besoin de se demander où précisément. Le Créateur aime dominer les choses: il serait à la Nef.

Elle courut aussi vite qu'elle le put pour aller au-dehors. Elle se permit de chevaucher une monture laissée là pour aller plus vite. Le Créateur détestait attendre. Et c'était déjà la veille que le doigt au sang séché salissait ses habits.

Elle pressa la pauvre bête, n'osant imaginer quel supplice l'attendait si d'aventure elle se faisait trop attendre. Depuis que des Xunlais étaient capturés ou que des Déchus étaient soupçonnés, la Basilique était fuie, on la disait hantée.
Chaque jour comme chaque nuit, des cris effroyables émanaient de la Sainte Chapelle, depuis les entrailles de la Terre. Elle ignorait à quoi cela était du, mais sûrement rien de réjouissant...

Elle arriva enfin. Elle laissa là le cheval fatigué et entra sans aucune cérémonie.
Un semblant de prière pour ne pas froisser les hommes d'Eglise, la dague esquissée pour passer par l'escalier dérobé. Vite!

Elle trouva un coffret sur son chemin. L'idée lui vint d'un coup: le cadeau serait plus beau dans son emballage. Elle crocheta la serrure avec sa dague, et posa le doigt, la bague bien en évidence, sur les deniers d'or.
Elle prit le tout et fonça vers la Nef où elle trouva la figure tant attendue.

Lilith ne craignait aucun Homme, sauf le Créateur. Son retard allait peut-être lui valoir une punition exemplaire; le voyage plus les complications dans la Baronnie l'avait rendue absente trois jours et deux nuits... trop sûrement.

Oui trop: le Créateur était impatient et prit le coffret avec violence sans même un mot, et un regard seulement désintéressé et furtif.

Puis le sourire lui revint, à moitié cependant. Elle avait trainé en route.

"Tu as donc réussi. Tu es bien digne de siéger au Conclave en tant qu'Assassin, et Politicienne. Je connaissais en détail le plan de la maison du Baron ainsi que l'état de ses forces, mais je ne t'ai rien communiqué pour tester ta capacité d'adaptation. On dirait que ça a bien marché. Je te remercie, tu peux disposer dans tes appartements, Lillith Asmodia."

Lilith fut heureuse des paroles du Créateur. Certes elle lui en voulait un peu d'avoir été ainsi testée, preuve que le Créateur n'avait pas une confiance totale en elle, ce qui la blessa quelques peu, mais elle était aussi contente de ne pas avoir de sanction.

Il aurait été futile de lui faire part de ces sentiments. Elle préférait se reposer un peu dans ses appartements comme le lui avait dit le Créateur, avant de repartir; Au Conclave, on lui avait dit qu'il y aurait du spectacle à l'Arène...

Je vous en prie, Créateur. Je ne suis que dans l'attente de mon prochain contrat...

Puis elle se retira sans bruit, quittant la Basilique, en route pour les lavoirs: une tâche souillait ses vêtements, il fallait l'ôter, ôter la dernière trace de l'existence d'une vie qui n'aura jamais été contrôlée d'elle-même, comme les autres...

» Lilith Asmodia
» Combat : Freyja Neshkä VS Lilith Asmodia
» [Test RP] Une réunion au Sénat
» Une journée de plus [ Test RP : Lauris Azakiel ]